« Danser, ce n’est pas seulement apprendre son corps et son souffle, c’est aussi quelquefois s’incorporer à un pays. »  Jacques Laccarière

 

Une danse Grecque incarne particulièrement bien ces paroles : Le Zeibekiko, en Grec Ζεϊμπέκικο. Si vous avez eu la chance de passer une soirée dans une taverne ou une ouzerie où l’on peut écouter du rebetiko, peut-être avez vous vu des personnes se lever spontanément (des hommes le plus souvent) et se mettre à danser seules entre deux tables, esquissant une danse lente, une sorte de tournoiement lourd autour d’un point fixe, les bras à l’horizontale ou tournés vers le ciel.

Le nom de cette danse a une consonance orientale qui traduit son origine : les colonies Grecques d’Asie mineure et du Pont-Euxin. Les Zebeks étaient en effet le nom des combattants en Anatolie. Le zeibekiko est une des rares danses traditionnelles qui se dansent seul.

Au début du 20ème siècle, les hommes la dansaient au son du bouzouki et au rythme des paroles de rebetiko dans les bars enfumés. Le danseur se levait subitement et le plus souvent sous l’effet de l’alcool, et parfois du hashish , entamait sa danse solitaire au milieu des tables. On nomme souvent cette danse la danse de l’aigle. En effet, le danseur descend vers le sol puis s’élève en tournant autour d’un point fixe qui peut être son verre de ouzo ou de retsina posé au sol, les bras à l’horizontale. C’est un moment solitaire ou le monde ne semble plus exister autour du danseur qui peut parfois atteindre un état de transe.

Aujourd’hui, cette danse a quitté la clandestinité des bars à rebetiko du début du XXème siècle. Il est très courant d’assister à des zeibekikos improvisés sur une terrasse de taverne, dans une ouzerie Athénienne ou tout simplement dans un kafeneion de village. La danse de l’aigle fait partie intégrante des danses traditionnelles enseignées dans les écoles de danse Grecque.

« Et d’un coup, sans m’occuper de quiconque, pas même de mes amis qui m’encourageaient bruyamment, j’ai tourné, louvoyé longtemps entre terre et ciel, au rythme d’une chanson dont je me souviens qu’elle disait inlassablement : « Je t’en prie, je t’en prie, laisse-moi, je ne veux plus vivre… ». (…) Je ne me suis pas mis à danser le zeibekiko, c’est le zeibekiko qui s’est mis à danser en moi et qui longtemps habita mon corps. » Jacques Laccarière

 

Scène de Zeibekiko du film Edvokia (1971, directeur : Alexis Damianos). Ce film dramatique décrit la rencontre d’un sergent et d’une prostituée, qui se marient après une brève idylle passionnelle.

Démonstration de Zeibekiko en 2007 à Athènes.