Bon nombre de voyageurs ont remarqué que quasiment chaque ville ou village de Grèce, sur le continent comme dans les îles, compte une rue ou une place dénommée « Iroon Polytechniou », c’est à dire rue/place des Héros de Polytechnique.
Cette dénomination renvoie à un des épisodes majeurs de la lutte citoyenne pendant la dictature de 1967 à 1974, le 17 Novembre 1973, dont le théâtre fut l’Ecole Polytechnique d’Athènes.
En effet, en Novembre 1973, six ans après son installation, la dictature des colonels connait sa première révolte d’ampleur à même de faire vaciller le régime. Du 14 au 17 Novembre, des centaines d’étudiants occupent l’Ecole Polytechnique. Ils y installent une radio clandestine et aux cris de « du pain, de l’éducation et la liberté » essayent de faire se soulever la population contre le régime en place. S’en suivent de nombreux affrontements. L’Ecole s’organise en hôpital pour soigner les blessés, les étudiants sont à deux doigts de prendre possession de la préfecture de police et de quelques ministères. Mais la nuit du 17 novembre, la loi martiale est déclarée et le mouvement est violemment réprimé dans le sang : les tanks abattent les grilles de l’Ecole et pénètrent dans l’enceinte de Polytechnique, faisant 24 morts et plus de 200 blessés.
Quelques mois plus tard, pendant l’été 1974, la junte militaire tombe définitivement. Le massacre du 17 Novembre en aura été un des éléments déclencheurs. Depuis le retour de la démocratie, il est constitutionnellement interdit à l’armée de pénétrer dans les enceintes universitaires. L’Ecole Polytechnique, toujours en activité, garde au travers des impacts de balles sur ses murs, les stigmates de ces affrontements. A la fin des années 1970, un mouvement anarchiste terroriste prendra le nom du 17 novembre en référence à ces évènements.