Vous les avez plébiscitées sur le blog et les réseaux sociaux. Elles reviennent donc pour 5 nouveaux opus : les expressions de la vie courante issues de la mythologie Grecque !
Subir le supplice de Tantale
Pour les Grecs antiques, le royaume d’Hadès, lieu de séjour des morts, est un monde régit par de nombreux codes. On connaît le Styx, fleuve des enfers que le passeur Charon doit faire traverser aux morts qui pénètrent le lieu. Sitôt ses eaux noirâtres traversées, un carrefour à 2 chemins s’offre aux nouveaux arrivants : l’un conduit vers les Champs Elysées, l’autre vers le Tartare. On l’aura deviné, ceux qui sont jugés comme des fourbes, des assassins, des sans vertus, sont immanquablement conduits sur le chemin du Tartare pour éternellement expier leurs fautes. Un des plus connus qui emprunta ce chemin se nomme Tantale. Celui-ci, roi de Lydie, convia les dieux à un somptueux festin. Par défi, il leur offre au milieu du repas, parmi les nombreux mets, les membres de son propre fils Pelops ! Zeus, qui sait tout, s’en rend compte. Doublement indigné par le meurtre du roi et par son manque de respect aux Olympiens, le roi des Dieux condamne Tantale à avoir toujours faim et soif. Hermès est chargé d’organiser la sentence. Conduit au Tartare, Tantale est enchaîné au bord d’une source d’eau entourée d’arbres couverts de fruits. Tiraillé par la faim et la soif, à chaque fois que Tantale tend la main pour attraper un fruit les branches s’écartent de lui, et à chaque fois qu’il veut boire, l’eau s’éloigne. Un vrai supplice !
Suivre le fil d’Ariane
Cette expression est directement liée à un des épisodes les plus fameux de la mythologie grecque : Thésée et le Minotaure.
Le fils de Minos, roi de Crète, ayant péri dans les mains des Athéniens, le monarque crétois décide d’imposer à la cité d’Athéna un sacrifice humain annuel. Chaque année, Athènes pour ne pas être détruite, doit envoyer en Crète 7 jeunes garçons et 7 jeunes filles pour être livrés au Minotaure, terrible taureau ne se nourrissant que de chair humaine. Thésée, fils du roi d’Athènes décide de se sacrifier et se porte candidat. Il embarque vers la Crète. Sitôt débarqué il est repéré par Ariane, fille du roi Minos. La jeune femme est éblouie par le courage, la beauté et le panache du jeune prince Athénien. Elle lui propose de l’aider à échapper au funeste sacrifice, même au péril de sa vie. En échange Thésée lui promet de l’emmener loin de la Crète et de l’épouser.
Thésée veut débarrasser définitivement les Athéniens du sacrifice annuel au Minotaure en tuant la bête immonde. Mais comme vous le savez déjà, le taureau vit au milieu d’un labyrinthe construit par l’ingénieux architecte Dédale. Le jeune Thésée, même s’il parvenait à rejoindre le Minotaure, risquerait donc de ne pouvoir retrouver le chemin de la sortie. La jeune Ariane lui propose donc de lui donner le bout d’un fil dont elle retient la pelote : pour ressortir du labyrinthe Thésée n’aura donc qu’à suivre le fil. Ariane attend angoissée à l’entrée du Labyrinthe. Après un âpre combat qu’elle peut mesurer à l’agitation du fil qu’elle tient dans ses mains, elle voit Thésée la rejoindre, aidé par le fil. Les deux amants s’enfuient sur un les bateaux Athéniens. La tempête les surprend, ils font donc escale à Naxos. Et là l’inexplicable se produit : Thésée abandonne Ariane sur l’île des Cyclades. Et c’est le début d’une autre histoire !
Être médusé
Cette expression provient d’un épisode célèbre de la mythologie Grecque mêlant plusieurs personnages célèbres.
Le roi de la cité d’Argos, Acrise, consulte un jour l’oracle de Delphes qui lui prédit la perte de son trône et de sa vie des mains se son propre petit-fils. Il décide alors d’enfermer sa fille unique, Danae, pour échapper à l’oracle funeste. Zeus, pris de pitié, décide de sauver la jeune femme et pénètre dans la prison de pierre de Danaé sous la forme d’une pluie d’or. De leur union, le roi des dieux et la fille d’Acrise conçoivent un fils : Persée.
Sitôt l’enfant né, le roi Acrise les met tous deux sur un bateau et les laisse partir à la dérive sur la mer Egée. La mère et l’enfant échappent au naufrage programmé par le roi et trouvent refuge sur l’île de Seriphos, à la cour du roi Polydecte. Devenu adulte, au moment de quitter la petite île des Cyclades, Persée demande à son protecteur quoi faire pour le remercier. Le roi lui réclame alors la tête de Méduse la plus dangereuse des trois gorgones qui terrorisaient les habitants de l’île.
Équipé avec le bouclier et le miroir d’Athéna, le casque invisible d’Hadès et les ailes d’Hermès, Persée part à la recherche des affreuses Gorgones. Soutenu par Hermès, il parvient à trouver leur antre. Il réalise alors que pour approcher la plus hideuse et dangereuse des trois, il va devoir utiliser le miroir d’Athéna. En effet, non seulement Méduse possède une chevelure faite d’un amas de serpents dangereux, mais elle a la faculté de pétrifier du regard quiconque la regarde dans les yeux. Approchant la gorgone sans jamais la regarder à l’aide du miroir, il lui tranche la tête ! Du flot du sang de la Gorgone s’échappe alors un cheval ailé, Pégase. Persée cache la tête de Méduse dans un sac puis s’enfuit en enfourchant le cheval.
Quelques temps plus tard, après avoir sauvé Andromède, Persée revient à Sériphos. Il y retrouve sa mère Danaé, terrorisée par le roi Polydecte, qui désormais la poursuit de ses assauts. Persée brandit alors la tête de Méduse vers le vieux roi qui se change immédiatement en un rocher. Instantanément figé, médusé, le roi de Sériphos a perdu la partie!
Tomber dans les bras de Morphée
Cette expression est intimement liée au personnage mythologique de Morphée. Son nom provient du mot grec μορφή, morphi, qui signifie la forme. Il est le fils d’Hypnos (le sommeil) et de Nyx (la nuit). Son nom lui vient du fait qu’il est doté de la faculté de se présenter aux mortels dans leur sommeil en prenant plusieurs formes, dont celle de leurs êtres chers. Morphée vole avec des ailes de papillon (donc silencieuses) tenant à la main des fleurs de pavot soporifiques. En touchant les mortels de ces fleurs, il leur donne le sommeil. Dans un deuxième temps, il leur procure aussi des rêves dans lesquels il apparaît sous différentes formes. De son nom provient le mot morphine du fait de son pouvoir soporifique, et bien entendu l’expression tomber dans les bras de Morphée qui signifie trouver le sommeil.
Céder au chant des sirènes
Cette expression trouve son origine dans un épisode fameux de l’Odyssée d’Homère. Alors que le héros Troyen Ulysse à la ruse légendaire subit la colère de Poséidon et erre sur la Méditerranée à la recherche du chemin d’Ithaque, il va bientôt naviguer sur le territoire des sirènes.
Lors d’une de ses précédentes escales, la magicienne Circé, chez qui lui et ses compagnons avaient trouvé refuge, lui a donné des conseils pour traverser le territoire des sirènes sans encombre. En effet, ces créatures (qui dans la mythologie Grecque sont mi-femme mi-oiseau) cherchent à entraîner les voyageurs vers une mort certaine en les charmant par leurs chants doucereux et envoûtants. Circé recommande ainsi à Ulysse d’obliger ses compagnons à porter des bouchons d’oreille en cire et lui-même à se faire encorder au mât du bateau si il veut écouter le chant des sirènes sans y céder.
Arrivant au royaume des sirènes, les instructions de Circé sont appliquées à la lettre. Les sirènes commencent à chanter « Viens Ulysse, …. » et alors même que le roi d’Ithaque connaît l’issue fatale vers laquelle le conduiraient les belles créatures, il hurle à ses compagnons de le détacher. Heureusement, les bouchons de cire empêchent à la fois les marins de céder aux sirènes mais aussi aux ordres d’Ulysse. Ainsi, le bateau traverse sans encombre ces eaux dangereuses et le héros Troyen, comme ses compagnons, en sortent tous indemnes. Ils n’ont pas cédé au chant des sirènes, paroles agréables et douces, mais mensongères et fatales !
Crédits images :
- Le supplice de Tantale – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Tantalus_Gioacchino_Assereto_circa1640s.jpg – Gioacchino Assereto [Public domain], via Wikimedia Commons
- Ariane à Naxos – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ariadne_in_Naxos,_by_Evelyn_De_Morgan,_1877.jpg – Evelyn De Morgan [Public domain], via Wikimedia Commons
- Persée assisté par Minerve, pétrifie Phinée et ses compagnons en leur présentant la tête de Méduse – Jean-Marc Nattier, musée des Beaux-Arts de Tours – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean-Marc_Nattier_-_Perseus,_under_the_protection_of_Minerva,_turns_Phineus_to_stone_by_brandishing_the_head_of_Medusa.jpg – Jean-Marc Nattier [Public domain], via Wikimedia Commons
- Morphée et Iris – Pierre-Narcisse Guérin – musée de l’Ermitage – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Guerin_Pierre_Narcisse_-_Morpheus_and_Iris_1811.jpg – Pierre-Narcisse Guérin [Public domain], via Wikimedia Commons
- Ulysse et les sirènes, stamnos attique à figures rouges, v. 480-470 av. -C., British Museum – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Odysseus_Sirens_BM_E440_n2.jpg – By English: Siren Painter (eponymous vase) (Jastrow (2006)) [Public domain], via Wikimedia Commons