Beaucoup de personnes n’ont en tête, lorsque l’on parle d’architecture Grecque, que les ruines antiques ou l’architecture simple, cubique et blanche des villages des Cyclades. Cependant il existe d’autres types d’architecture typiques de la Grèce qui méritent qu’on s’y interesse de près. Après notre exploration de l’architecture Italienne des années 20 présente dans le Dodécanèse, nous vous proposons de découvrir avec nous l’architecture néoclassique très présente dans le pays et caractéristique de la naissance de la Grèce moderne après sa libération du joug Ottoman.
Dès l’indépendance du pays obtenue en 1832, le tout jeune royaume de Grèce décide de se lancer dans la construction d’une capitale (Nauplie, puis Athènes) et de doter ses principales villes de bâtiments publics nécessaires à l’établissement de l’Etat. Le jeune roi Othon, d’origine bavaroise, appelle à Athènes un architecte Allemand: Ernst Ziller. Celui-ci décide de s’inspirer des canons de l’architecture antique Grecque (colonnes, frontons, peintures extérieures et intérieures, mosaïques, toits à attique) pour répondre aux commandes étatiques. L’engouement pour ce nouveau style est tel que nombre d’architectes l’adopte et que le style se diffuse aussi bien pour les résidences privées que pour les bâtiments publics.
Ainsi en quelques années la capitale, Athènes, se dote de chef d’oeuvres grandioses : L’académie, la bibliothèque nationale, l’université, le Zappeion. Progressivement, la bourgeoisie se fait bâtir de somptueuses demeures en ville ou en bord de mer. L’apogée étant atteint avec le Iliou Melathron.
Si dans les premières années le style néoclassique reste assez sobre (traduisant notamment le manque de moyen du jeune état indépendant), au fil des ans l’architecture devient de plus en plus grandiose. A Athènes, vous pouvez mesurer cette évolution en comparant le premier palais royal d’Othon (aujourd’hui parlement) et le second palais royal (aujourd’hui palais présidentiel). Les facades sobres et colorées laissent la place à des plaquages de marbre polychrome, et à des double voire triple colonnades.
Les maisons privées adoptent un code similaire aux bâtiments publics : 2 à 3 niveaux maximum, l’étage noble étant le rez de chaussée ou 1er étage, un toit terrasse en attique occupé sur une partie par une petite pièce, servant souvent de séchoir. L’intérieur des bâtiments arbore des décorations à l’antique : trompe l’oeil, fresques, mosaïques.
Aujourd’hui les témoignages de cette architecture neoclassique à Athènes sont surtout concentrés dans le triangle Omonia-Syntagma-Acropole pour ce qui est des bâtiments publics. Pour les résidences privées, malheureusement, la folie immobilière des années 1960 et 1970 n’a laissé que peu de traces, que l’on remarque facilement en se promenant au fil des rues. Le quartier de plaka a lui gardé la majorité de ses maisons individuelles néoclassiques. Peu à peu de nombreuses maisons en ruine sont réhabilitées et retrouvent leur lustre voulu par Zeller. Deux villes moyennes ont conservé un ensemble important et cohérent dans le plus pur style néoclassique : Nauplie (Peloponnèse) et Ermoupolis (Syros).