Le rebetiko est la forme de musique populaire Grecque la plus répandue. Sa naissance et son évolution se confondent avec l’histoire de la Grèce moderne.
Il apparaît dans les années 20 à Thessalonique et au port du Pirée. A cette époque, l’échange de population consécutif à la chute de Smyrne, nommé « La Grande Catastrophe », génère un afflux de population Grecque d’Asie Mineure vers les deux grands centres industriels de la Grèce. Le rebetiko naît de la rencontre de cette population d’immigrés avec les émigrés de l’intérieur, à savoir les travailleurs originaires des îles venus à Athènes ou Salonique pour une vie meilleure. L’orientalité des uns et la pauvreté des autres ont vite fait de les pousser dans la marginalité par rapport aux mœurs grecques du continent comme de la « bonne société » qui souhaite s’occidentaliser au maximum.
Petit à petit apparaissent des chansons faisant l’apologie du paradis perdu (l’Anatolie, le Pont Euxin), de l’honneur, des amours déçus ou contrariés. Les instruments principaux sont le bouzouki, la guitare et le baglama. Les sonorités sont à la fois orientales et latines.
Jusqu’aux années 1930, le rebetiko se chante alors dans des cafés enfumés « les tékkés » où sévissent alcool, drogue et prostitution. Le contenu des chansons et ces endroits interlopes sont durement sanctionnés par la dictature militaire de Metaxas à partir de 1936. Certains chanteurs de rébétiko (les rébets) sont alors déportés sur les îles de l’Egée.
On distingue trois courants successifs influencés directement par l’histoire grecque : de 1922 au début des années 1930, le rebetiko est clairement influencé par les réfugiés d’Asie Mineure . Les sonorités sont très orientales, les textes portent essentiellement sur le regret du paradis perdu et la difficulté d’être apatride dans son propre pays. On parle alors de rebetiko de Smyrne. Pendant les années 30, apparait le style « rebetiko du Pirée », les textes se font plus politiques et influencés par les idées de gauche. Un des rebets le plus connu est alors Markos Vamvakaris. Après les années 40, le rebetiko prend un style dit « populaire », il sort de la clandestinité, envahie jusqu’aux tavernes de la bonne société Grecque, les fortes sonorités orientales sont peu à peu oubliées et les textes deviennent plus légers. Les chansons de Vassilis Tsitsanis connaissent pour certaines un succès international.
Aujourd’hui le rebetiko est encore un marqueur culturel fort pour les Grecs. La crise financière de 2008 a poussé une partie de la jeunesse à s’intéresser à son passé. Des jeunes retrouvent le chemin des écoles de musique et de chant et de nombreux bars à rebetiko ouvrent de nouveau.
Le rebetiko a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2017.
Découvrez un des morceaux de rebetiko les plus célèbres sur le blog : Frangosiriani, de Markos Vamvakaris
Crédits photo : Wikipedia.